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Libre

22 mai 2011

AFFAIRE DSK, LE POIDS DES PHOTOS, LE CHOC DES VALEURS

L'affaire DSK a levé le voile sur des antagonismes latents répondant autant à des fantasmes qu'à des cultures, qui donnent un sacré coup de vieux au clivage droite gauche.

Dans cette chambre d'hôtel, les tenants de la gauche sortent le linge sale qu'ils se jettent à la figure en public plutôt que de le laver en famille.

La droite semble exclue du débat et hormis quelques cas isolés, elle ne souhaite pas s'engager plus avant dans un pugilat où il n'y a que des coups à prendre.

Elle est avec la victime le grand absent de cette lutte, laissant aux féministes le soin d'occuper le ring contre son adversaire.

Cette lutte des symboles, entre icone et croyance, autour d'une victime invisible et impossible a jeté un climat de soupçon, une autre teneur au débat sur la confiance que nous avons en notre système juridique et judiciaire.

LA LUTTE DES SYMBOLES

Le symbole a pour fonction en un signe de définir.

Un symbole peut être un objet, une image, un mot écrit, un son ou une marque particulière qui représente quelque chose d'autre par association, ressemblance ou convention.

L'appropriation du corps de l'accusé.

Le contraste est saisissant entre la lumière jetée sur DSK et l'ombre à laquelle a droit la plaignante.

La photo le représentant vulnérable, alors qu'il était un des hommes les plus puissants est un choc.

L'icône DSK entre deux policiers représente pour les uns, la mise à mort d'un homme, pour les autres, la chute d'un puissant.

Le rituel américain de la photo du prévenu sortant du commissariat entre deux policiers, comme promis au goudron et aux plumes médiatiques, en fait un trophée pour les uns, un bouc émissaire dans nos esprits européens.

Les Etats Unis n'ont pas de loi interdisant la représentation d'une personne menottée, et le secret de l'instruction qui protège autant les prévenus que les victimes leur est étranger.

Ils ne connaissent pas la frontière entre vie privée et vie publique et le corps de l'homme public leur appartient à partir du moment où ce derniers fait don de lui même à ses concitoyens.

Cette transparence est pour eux une garantie de démocratie qui assure que le traitement des privilégiés sera le même que celui des faibles avec les mêmes droits et les mêmes obligations,.

L'affaire DSK a poussé cette exigence on ne peut plus louable à l'extrême lui donnant un aspect monstrueux, Orwellien

On conçoit à ce stade, l'organisation du procès américain, où seule l'accusation a la parole, ou la défense est absente comme la victime.

Chacun garde en réserve ses atouts et les abattra au dernier moment, pas de principe du contradictoire, les obligeant à s'informer, c'est là que se trouve l'indispensable secret.

LA "VICTIME" INVISIBLE

Le système américain permet de mettre à l'abri la plaignante, et tout et son contraire a été dit.

Si aucune photo, aucun signe visuel n'est donné la concernant, elle n'en demeure pas moins un symbole puissant: Femme de ménage, noire, étrangère, elle symbolise le faible dont la dignité a été bafouée et qui entend se battre pour la faire rétablir.

La "victime" invisible a pris un caractère sacré et se retrouve à son corps défendant le symbole de la femme opprimée, violée, exploitée.

On n'a pas besoin de voir Naffisatou DIALLO, il suffit d'y croire pour se l'approprier au nom de la défense des femmes et des opprimés.

Nombres d'associations féministes ont décidé d' opposer cette idole iconoclaste au St Sébastien des élites, jetant par dessus bord le principe de la présomption d'innocence face à ce qu'elles ont considéré à tort ou à raison comme un mépris de caste de privilégiés.

Une lutte des classes se déclencherait elle à gauche?

La guerre gauches a lieu.

II semble qu'une guerre de religion s'est ouverte sur le front de la gauche, entre une gauche morale, sociétale, féministe et une gauche institutionnelle, raisonnable, centriste, élitiste qualifiée parfois de gauche caviar.

La virulence de cette gauche féministe contre un parti qui l'avait longtemps utilisée, semble révéler la frustration d'avoir servi de faire valoir des années durant et ne pas être payée en retour,.

Il semble qu'elle aie décidé de casser la vaisselle et de lui rentrer dedans.

On peut comprendre que les féministes réclament leur du à l'encontre d'un Jacques LANG, lequel en prétendant qu'il n'y a pas mort d'homme , d'une phrase, expédie aux oubliettes des années de combats, de procès pour faire reconnaître le viol.

On ne peut que les soutenir lorsqu'elles dénoncent le mépris de classe d'un Jean François KAHN qui parle de boniche ou de troussage domestique.

On comprend moins qu'elles se joignent aux pires accusations de Bernard DEBRE, ce dernier s'exposant surement à des poursuites judiciaires.

Enfin, qu'il nous soit permis de sourire lorsqu'elles reprochent encore au PS d'avoir mis sur orbite un "séducteur", mais face à la réaction de certains caciques, peut on comprendre leur colère.

Ne serait ce que pour qu'elles n'envisagent pas de remplacer les mouvements fondamentaliste dans la triste fonction de gardiens de la morale privée.

on doit respecter leur questionnement sur le sort de la victime mais on doit aussi leur répondre.

Le PS se trouve aujourd'hui coincé entre certains éléphants qui n'ont pas su réagir ou auraient du s'abstenir, et la nécessaire modération à laquelle il est astreint.

Il faut reconnaître à son leader (dont le fait d'être une femme est un atout non négligeable en ce moment) et à la plus part de ses membres que la présomption d'innocence demeurait le seul discours à tenir.

Même si il a pu décevoir nombres de militantes de la cause féministe, le choix était réduit pour faire face à ce séisme et ils ne pouvaient exprimer de la compassion pour la "victime".

LA VICTIME IMPOSSIBLE

Le droit français ne définit pas la victime, il faut avoir recours à celle donnée par la résolution 40/34 du 29 novembre 1985 de l'Assemblée générale de l'ONU

1. On entend par "victimes" des personnes qui, individuellement ou collectivement, ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou mentale, une souffrance morale, une perte matérielle, ou une atteinte grave à leurs droits fondamentaux, en raison d'actes ou d'omissions qui enfreignent les lois pénales en vigueur dans un Etat Membre, y compris celles qui proscrivent les abus criminels de pouvoir.

2. Une personne peut être considérée comme une "victime", dans le cadre de la présente Déclaration, que l'auteur soit ou non identifié, arrêté, poursuivi ou déclaré coupable, et quels que soient ses liens de parenté avec la victime. Le terme "victime" inclut aussi, le cas échéant, la famille proche ou les personnes à la charge de la victime directe et les personnes qui ont subi un préjudice en intervenant pour venir en aide aux victimes en détresse ou pour empêcher la victimisation.

3. Les dispositions de la présente section s'appliquent à tous, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, d'âge, de langue, de religion, de nationalité, d'opinion politique ou autre, de croyances ou pratiques culturelles, de fortune, de naissance ou de situation de famille, d'origine ethnique ou sociale et de capacité physique.

Pour qu'il y aie une victime, il faut un auteur et une infraction.

Certes, point n'est besoin d'une condamnation, mais un auteur est nécessaire, ce qui implique, en l'espèce que DSK ne soit pas acquitté.

L'auteur et la victime sont indissociablement unis dans le champs infractionnel.

Or, à ce stade, on ne sait rien et ça durera encore, patience mesdames.

La présomption d'innocence

La présomption d'innocence est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie.

L' Article 11. de la déclaration universelle des droits de l'homme dispose que

Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.

Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis. »

C'est le premier article de notre Code de procédure pénale.

Enfin, en France, l'article 9-1 du code civil décrit la présomption d'innocence assortie de la possible réparation de ses atteintes :

« Chacun a droit au respect de la présomption d'innocence. Lorsqu'une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme étant coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou d'une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, ordonner l'insertion d'une rectification ou la diffusion d'un communiqué aux fins de faire cesser l'atteinte à la présomption d'innocence, sans préjudice d'une action en réparation des dommages subis et des autres mesures qui peuvent être prescrites en application du nouveau code de procédure pénale et ce, aux frais de la personne physique ou morale, responsable de l'atteinte à la présomption d'innocence.

Ainsi, abstraction faite des préoccupations juridiques que certains pouvaient avoir dans leurs déclarations, on ne peut reconnaître la victime sans reconnaître le coupable.

SOUPCON SUR LA PRESOMPTION D'INNOCENCE AU NOM DE LA VICTIME

Doit on jeter aux orties ce principe qui nous protège depuis si longtemps?

c'est dans ce souci que tout homme politique responsable prenait soin de ne pas s'aventurer sur le terrain de la reconnaissance de la qualité de victime de ce qui n'est encore qu'une plaignante.

C'est dans ce nécessaire carcan intellectuel, qui nous permet de ne pas accuser sans preuve et jeter en pâture à la vindicte populaire, que se débattait Robert BADINTER, Ancien Avocat, Ancien Garde des sceaux, et surtout, créateur du droit des victimes.

En effet, on peut comprendre la colère ce dernier face à la mauvaise foi d'un Laurent JOFFRIN qui reprochait aux socialistes de ne pas avoir un mot pour la victime.

Mais comment penser à une victime qui juridiquement n'existe pas?

La reconnaissance de la victime ne pouvait qu'être conditionnelle et ainsi, toujours perdre en intensité face à la situation d'innocence toujours établie de Dominique STRAUSS KAHN.

Abandonner ce principe parce qu'il s'agit d'un homme politique, ce sera l'étendre à tout individu à partir du moment où ils sont des citoyens comme les autres.

Qu'il s'agisse de Nafissatou DIALLO ou de Dominique STRAUSS KAHN, il convient de ne pas étendre au simple citoyen le soupçon qui plane aujourd'hui sur les élus à ce jour.

JUGES DESIGNES OU JUGES ELUS?

Aujourd'hui, sur les deux rives de l'atlantique, un soupçon plane sur les élites, sur les élus politiques d'un côté sur les élus judiciaires de l'autre.

Le procès d'intention à l'encontre de nos malheureux juges d'être soumis aux puissants en matière judiciaire n'a pas manqué de s'ouvrir et de se refermer.

.

les partisans du système judiciaire américain leur reprochent leur nomination par les Dirigeants politiques et le secret dans lequel il travaillent.

L'Amérique est parée de toutes les vertus aux motifs que les Juges sont élus et donc réellement indépendants du pouvoir.

Or, les motivations du Juge Jackson étaient elles vraiment juridiques lorsqu'elle a ordonné l'incarcération de DSK?

Ce, d'autant qu'il s'est révélé qu'elle jouait sa réélection.....

Faudrait il donc pour être sur de l'indépendance des Juges à l'égard des détenteurs du pouvoir, les rendre directement dépendants du pouvoir?

On peut penser que Renaud VAN RUYMBEKE, ou Eva JOLY qui ne se sont pas privés de secouer nos dirigeants ne partagent pas ce point de vue.

Ils ne voudraient pas hériter du soupçon malsain qui pèse sur nos élus, sur le mode du "tous pourris", et j'imagine qu'en ces temps d'américanisation du système judiciaire, si on leur proposait l'élection

Ils entonneraient de concert la réponse suivante: élection, piège à c...

En conclusion, cette affaire a fait beaucoup de mal, la France a l'image d'une République bananière gouvernée par des machistes primaires, soumis aux puissants, ce, à tort ou à raison.

La solution pour mettre un terme à cette défiance serait peut être de mettre une femme à l'Elysée?

Qu'en penserait Melissa JACKSON?

(A Cyrielle)


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